Je pars dans la nuit pour le troisième étage de l’aéroport où j’arrive à nouveau en retard pour le check-in. Je passe l’immigration et arrive de justesse à la porte d’embarquement alors que tous les passagers sont déjà installés dans l’avion. Je pars pour le Brunei, un petit Etat de l’île de Borneo, connu pour son Sultan et son pétrole. Le vol dure environ 2 heures et avant d'atterrir, je remarque un gigantesque complexe qui ressemble à un centre de congrès. Il s’agit en fait de l’humble résidence du Sultan, avec ses 1800 pièces, sa mosquée à la coupole en or 24 carats et son garage pour garer plus de 8000 voitures de luxe. Probablement influencé par ces confrères arriérés de la péninsule arabique, il a instauré la Sharia dans son petit Etat il y a quelques années. Ca n’a certainement rien à voir avec la religion mais c’est une manière efficace de contrôler la population et de faire passer toute critique pour une insulte à l’islam. A l’aéroport, je suis attendu par Bel, un macédonien qui propose quelques chambres dans sa villa de la banlieue de la capitale. Je m’installe rapidement puis prend le bus pour le centre ville avec deux filipinos qui logent dans la même auberge. Avec la filipina, nous nous rendons au village flottant, un quartier de 30,000 habitants construits sur la rivière. Une barque nous y emmène pour un dollar où nous nous balladons sur les pontons en planches qui servent de rues. A l’époque, tous les villages de la région étaient construits de cette manière mais aujourd’hui, la ville s’est étalée à l’américaine sur la presque totalité du pays sans aucune réflexion (le pétrole est très bon marché). Il faut le dire Bandar Seri Begawan n’est pas très esthétique. La ville semble figée dans les années 90 avec une architecture banale et aucune cohésion et la faible densité des constructions génère un trafic automobile énorme pour à peine 400 000 habitants. Les conditions de vie dans les maisons flottantes sont précaires et le contrast avec le train de vie du Sultan est saisissant. C’est néanmoins un endroit charmant avec des habitants très chaleureux et des enfants (on dirait qu’il n’y en a pas dans le reste de la ville). Nous retournons au centre ville pour manger puis passons par la mosquée et le royal regalia, un musée exposant les cadeaux offerts au Sultan par différents rois et dictateurs de la région; c’est rutilant! Nous passons un moment dans un vieux centre commercial avant de prendre le bus pour l’auberge (le dernier est à 18 heures et il y a 15 km). Le soir, je fais connaissance avec un jeune malaisien venu visiter son étrange pays voisin et nous irons manger dans un fast food du quartier.