Je discute rapidement des projets de ces prochains jours avec Nicolas, qui m’annonce que la route est à nouveau ouverte et qu’elle n’a pas été emportée. Difficile d’avoir des informations fiables dans la région mais le courant du torrent qui sert de route était simplement trop fort. Tant pis, nous prendrons la route pour la vallée de Wakhan puis la Pamir highway comme tout le monde. D’ici là, j’en profite pour passer quelques jours en Afghanistan. J’appelle un contact que JP m’a donné et qui parle anglais. Aucun problème, on se retrouvera en Afghanistan dans 2h. Je prend un taxi pour la douane où je me retrouve devant une grande porte métallique fermée. Je toque et une petite fenêtre s’ouvre. Les soldats me demandent “qu’est-ce que vous faîtes là?”, “vous allez où?”. Je leur dit que de toute évidence je vais en Afghanistan et ils me laissent passer. Je passerai un moment côté tajik où ils me posent plein de question sur mon visa sur lequel figure les réponses puis traverse le pont à pied. Côté Afghan c’est assez sympa, les douaniers regardent timidement dans mon sac, s’excusent puis me disent de continuer au bureau. Masad, mon contact m’attend là et viens aider le douanier à déchiffrer mon passport et à noter mon nom et mon prénom dans un registre. Une vieille Toyota nous attend pour nous amener dans son village, à une dizaine de kilomètres de la frontière. Je pose mon sac chez lui puis nous nous rendons à un marriage pour y manger du riz et de la viande. Partout, les gens nous invitent pour le thé ou pour manger. Bien que très proche de la frontière, c’est vraiment un autre monde. La plupart des habitants portent des vêtements afghans traditionnels, beaucoup de femmes et même de petites filles sont voilées, le bazaar est contitués de petite cabanes sur piloti, les enfants me regardent comme si je venais d’une autre planète et partout on me sert la main en me souhaitant la bienvenue. Je fais un petit tour des villages à pied avec Masad et en profite pour faire davantage connaissance. Masad enseigne aux enfants l’anglais, les maths et parfois d’autres branches car le niveau d’éducation à l’école publique est catastrophique. Il fait ce travail bénévolement et vit de ce que lui offre les voyageurs à qui il sert de guide et de dons. Je verrai durant mon séjour qu’il risque sa vie pour donner des connaissances à des enfants, car ça ne plaît pas au Talibans et il reçoit régulièrement des menaces anonymes. Alors que nous discutons, une famille nous invitent à manger des cerises et à boire le thé puis nous passerons devant l’école publique du village. Le principal nous accueille et nous invite à venir à l’intérieur voir les enfants en plein examen de sciences. Par intérieur, il faut comprendre de l’autre coté d’un cadre de porte car les enfants sont dehors sans table et sans chaise. Il y a des salles de classes sans fenêtre et sur le point de s’effondrer, ce qui effraye beaucoup le principal qui préfère les utiliser qu’en ultime nécessité. A l’intérieur il n’y a qu’un tableau noir et une craie, pas de chaise pas de table, rien. Il nous invite ensuite dans la salle des profs pour le thé puis nous retournons chez Masad pour manger. Pour ce soir, il me propose de revenir au mariage car il y aura de la musique et beaucoup de monde. Nous nous rendons à pied dans le village où a lieu la fête et déposons quelques affaires dans la famille qui nous accueille pour la nuit. Le marriage est assez spécial, il n’y a que des hommes assis sur des tapis qui écoute la musique d’un groupe de Kabul et de quelques chanteurs locaux. Mais après un moment l’ambiance se réchauffe, plusieurs hommes se mettent à danser, parfois en se cachant le visage avec leur écharpe, des gens leur lancent des billets pour leur prestation, on voit des hommes se balader avec une Kalashnikov, d’autres buvant de la vodka… La fête finira au petit matin mais nous rentrerons avant en retrouvant le chemin à la lampe de poche.