La douane est relativement rapide, en 1-2h nous sommes en Géorgie avec notre passeport tamponné. Une fois à Tbilisi, je me demande où je pourrais bien aller car je n’ai pas obtenu le visa pour l’Abkhazie à temps (où je comptais me rendre). Je décide alors de suivre les conseils du couple de japonais rencontré dans le train et de prendre un mashrutka pour Kazbegi tout au nord du pays près de la frontière russe. Après quelques kilomètres, je me rend compte que ce n’est pas qu’une légende, les géorgiens sont des chauffards. En Arménie également, mais leurs vieilles Lada et les routes en très mauvais état calment quelque peu leurs ardeurs. Nous traversons des villages à 120 km/h tout en dépassant des camions en route pour la Russie. Les passagers font 3 signes de croix à chaque fois que nous passons vers une église. J’hésite à en faire de même tant les locaux ont l’air de vouloir en finir une fois un volant entre les mains. A la sortie de Tbilisi, nous empruntons la Military Highway qui longe la frontière avec l’Ossétie du Sud (désormais coupée du reste du pays) puis passons un col recouvert de neige fraîche. Arrivé à Kazbegi (ou Stepantsminda), le paysage est impressionnant. Le village se situe dans une plaine à environ 2000 m d’altitude et est entouré de montagnes parmi les plus hautes d’Europe, dont le Mont Kazbeg qui culmine à plus de 5000 m. Je suis alors l’une des baboushkas (grands-mères) qui attendent les passagers pour proposer un logement et, une fois installé, commence l'ascension jusqu’à l’église de la Trinité de Gergeti avec un jeune russe rencontré en route. Si les Géorgiens sont tout aussi accueillants, le pays est complètement différent de l’Arménie, à commencer par le paysage où de vastes forêts remplacent les sols presque nus. La Géorgie est également bien plus moderne et touristique notamment. Il ne faut pas compter visiter les monastères seul par ici, on est systématiquement entouré de religieux et bigots locaux, de touristes russes en tout genre (de la grand-mère à foulard au trekeur en passant par la grande blonde en mini jupe) et même d’indiens hurlant au milieu des églises. Je fais néanmoins de belles rencontres et la beauté des montagnes du Caucase me fait rapidement passer ma nostalgie de l’Arménie.