Nous partons aujourd’hui pour la vallée de Bartang avec Nicolas et un musicien local originaire du village où nous passerons la première nuit. Nous commençons par un arrêt le long de la frontière afghane pour voir des petits lacs recouverts de fleurs roses. Nous continuons notre route jusqu’au petit village de Khuf, accessible par un chemin en lacet emprunté par une à deux voitures par jour. Nicolas, qui a publié un livre de photos sur le Tajikistan, est à la recherche de gens qu’il a photographiés au cours de ses précédents voyages. Il se renseigne dans le village et les habitants nous orientent rapidement vers leur maison respective. A chaque fois, c’est un grand honeur pour eux de voir leur photo dans son livre et nous sommes chaleureusement accueillis. On continue notre route le long de la vallée de Bartang. C’est une vallée très encaissée, il y a juste la place pour un torrent et un chemin. Parfois nous devons rouler dans le torrent car la route est complétement inondée. Nous ferons un arrêt vers un pont suspendu piéton qui permettait de rejoindre le village de Basid avant la construction de la route il y a une dizaine d’années seulement. Les habitants devaient emprunter des chemins escarpés creusés dans les falaises au dessus du torrent pour rejoindre le fond de la vallée. Depuis, il est devenu très accessible, 8h de 4x4 seulement de la petite ville de Khorog, si la route est ouverte. La vallée est très dangereuse, il y a régulièrement des avalanches, des éboulements et des tremblements de terre. Le village de Basid a d’ailleur été en bonne partie détruit l’année dernière par le tremblement de terre et les chutes de pierre qui s’en sont suivi. Dernièrement, la route pour y accéder était inaccessible durant 2 mois suite à une avalanche. Le courant de la rivière étant trop fort à la fonte des neiges, elle est de toute façon fermée chaque été. Presque tout (ponts, routes, écoles, électricité, etc.) dépend des aides des ONG et de la confédération suisse ou de quelques autres pays, le gouvernement local n’en ayant absolument rien à faire de ces villages de montagne. Malgré les risques permanents et la pauvreté, nous arrivons dans un village souriant et magnifique, avec des maisons traditionnelles et des jardins luxuriants irrigués par de multiples canaux. Le musicien nous accueille dans l’une des maisons du village et nous serons choyés par ses deux jolies nièces. On nous amène sans cesse des biscuits, des plateaux de fruits, du thé ou encore des plats de viande. C’est un peu la vie de sultan. Durant le repas, nous sortirons du vin géorgien et de la vodka achetés au bazaar de Khorog, ce qui semble être de l’or pour les habitants qui n’ont jamais accès à ce genre de produits simplement parce que le magasin le plus proche et à 5h de 4x4 et qu’il n’a probablement pas d’alcool. Nous sommes alors rejoins par deux autres musiciens et un vieillard de 80 ans qui apparaît dans le livre de Nicolas. Une fois échauffés, nous aurons droit à un concert privé de chants du Badakhshan accompagnés par une sorte de guitare et un espèce de tamtam pour le rythme. C’est une musique assez entraînante et le vieillard, bien éméché, commence à danser et nous annoncera vouloir sacrifier un mouton le lendemain pour nous remercier. Bien entendu, il aura rapidement oublié.