Voilà dix jours que je mène une vie sédentaire, ce qui n’est pas dans mes habitudes. Il est temps de reprendre la route. Je fais le voyage jusqu’au Tajikistan avec JP, un américain qui voyage depuis 4 ans et qui vit des photos qu’il poste sur Instagram (j’ai vu pire comme job). Le voyage n’est pas si évident, un premier taxi jusqu’à la station des taxis partagés, puis nous attendons une heure en plein soleil par 40 degrés que notre taxi se remplisse mais visiblement personne ne part dans cette direction. Nous finirons par rallonger 1$ chacun pour qu'il parte sans plus attendre et nous arriverons à la douane une heure plus tard. La douane est à nouveau un casse-tête de paperasse et de contrôles. J-P se fait même menacé d’un mois de prison pour de simples calmants. Je donne mes déclarations de douane, mes enregistrements pour chaque nuit passée dans le pays et je sors enfin d’Uzbekistan. Côté Tajik, c’est plus simple, il suffit de remplir deux papiers en russe et les douaniers nous laissent passer. Arrivés au Tajikistan, on retrouve les mêmes paysages plats et monotones mais l’on voit partout de grands posters du dictateur faisant un signe de salut au peuple dans un champ de fleur. Ils sont tellement kitschs et ridicules qu’on pourrait croire à une parodie. On prend un taxi puis un autre jusqu’à Khujand où nous nous arrêtons pour manger en se faisant prendre en photo par la serveuse. De là les taximens nous disent qu’il faut un 4x4 hors de prix pour continuer mais nous les envoyons balader et prenons un bus public pour 10 centimes et un autre taxi jusqu’à Istaravshan. De là nous parvenons à négocier un 4x4 pour Iskanderkul. Ce dernier trajet est très impressionnant, je vois mes premières montagnes depuis la frontière iranienne et les routes surplombent parfois de profondes vallées sans aucune barrière de sécurité. Nous passons des montagnes de toutes les couleurs et de petits villages faits de quelques maisons de pierre et de terre. Mais la plupart du temps, il n’y a que la nature: personne, pas d’habitations ni d’agriculture ou d’élevage. La route est étonnement en excellent état mais les 30 derniers km qui mène au lac d’Iskanderkul nécessitent un 4x4. Contrairement à l’Uzbekistan, on ne conduit pas des Chevrolet ici mais de la camelote chinoise essentiellement. Notre 4x4 doit avoir à peine 5 ans mais il est presque bon pour la casse: Pare-choc qui tombe, sièges cassés, poignées cassées, ceintures qui s’éfilent, etc. Nous arrivons au lac à la tombée de la nuit et nous installons chez l’habitant où l’on nous propose un plov et même de la bière. Avant de dormir, je fais une petite ballade de nuit pour contempler les étoiles (il n’y a aucun pollution lumineuse tant l’endroit est isolé).