C’est jeudi (le début du week-end ici) et j’ai complètement oublié de changer des dollars en Rials la veille. J’erre dans toute la ville en quête d’un bureau de change mais leurs horaires sont aussi peu arrangeants que ceux des banques en Suisse. Je changerai donc 80 $ au noir en espérant que cela suffise pour les trois jours suivants, samedi étant ferié pour l’anniversaire de la mort de l’Imam Khomeini. Les rues, les parcs et les hôtels sont remplis de touristes iraniens et les gens de la région affluent vers Shiraz pour ce week-end prolongé. Les habitants de Shiraz, eux, quittent la ville pour leurs jardins privés ou pour pique-niquer dans la campagne. En fin d’après-midi, Amir, un jeune architecte qui m’a contacté sur couchsurfing, m’appelle et viens me chercher pour une promenade sur les hauteurs de la ville. Le chemin qui mène au sommet est plein de couples venus trouver une relative intimité et de jeunes fumant des joints et buvant de l’alcool. On oublierait presque qu’on est dans une république islamique et les autorités ont l’air presque plus souples qu’à Lausanne. Au sommet, nous profitons du panorama sur la ville et visitons la grotte dans laquelle le poète Hafez (il est encore plus vénéré que le prophète Muhamad en Iran et surtout à Shiraz) venait méditer. Nous retournons en ville de nuit et embarquons Muhamad, un ami d’Amir et une bouteille d’aragh, la grappa locale pour aller manger des kebabs à Dasht Arjan, à 60 km de Shiraz. Bien qu’il fasse nuit, on devine que ce lieu est magnifique, un grand rocher duquel tombe une chute d’eau avec une forêt en contrebas, Un peu éméchés, nous nous installons dans l’un des nombreux restaurant pour manger. Nous rentrons à Shiraz à 4h du matin.