Nous partons ce matin pour la frontière sud-coréenne. Nous empruntons à nouveau une autoroute peu fréquentée et dans un état lamentable. Peu avant Kaesong, nous traversons une région montagneuse assez belle et très sauvage mais les photos y sont interdites. Nous visitons les bâtiments où les USA ont signé les accords de paix. Ces derniers ont essuyé la première défaite de leur histoire selon notre guide, qui nous dit en plaisantant qu’on doit sûrement connaître une version bien différente de la guerre de Corée. Les USA ont d’ailleurs été si humiliés qu’ils renoncent à mettre leur drapeau de l’autre côté de la frontière, préférant celui des Nations-Unies. Nous visitons ensuite la ligne de démarcation entre les deux Corées avec ses petites cabanes bleues où j’étais venu il y a trois ans depuis Seoul. Le bus prend ensuite la route pour la ville de Kaesong où un repas typique de la région nous attend. Plusieurs petits plats sont présentés dans de petites coupes en bronze accompagnés de liqueur de ginseng. Après ce délicieux repas, nous visitons l’ancienne académie de confucianisme devenu le musée Koryo. Nous revenons à la capitale pour visiter le Kim Il Sung square. Pas de danses de masse ou de défilé militaire aujourd’hui mais de nombreux écoliers en course d’école ou de simples passants. Nous assisterons également à un début de cérémonie de mariage devant un marium center non loin de la place. Incontournable en Corée du Nord, nous nous rendons ensuite rendre hommage aux deux Kim précédents devant leurs statues de bronze très imposantes. Il faut avancer en ligne, déposer un bouquet de fleur, reculer puis faire une courbette. Quelques nord-coréens font de même sans vraiment de conviction; il semble plutôt qu’ils soient là entre collègues et que la visite leur est imposée. Alors que les chinois partent pour le musée de la guerre de Corée, les norvégiens et moi visiterons la plus haute tour de pierre au monde (selon le guide, j’ai pas vérifié) qui offre une belle vue sur la ville au coucher du soleil. Le bord de la rivière laisse place à des immeubles relativement luxueux et des restaurants sur des bateaux. On aperçoit au loin le fameux hôtel Ryugyong et ses 105 étages. Comme l’explique le guide, l’extérieur a été terminé en 2011 alors que la construction a commencé en 1987 déjà. Il est toujours complètement vide à l’intérieur mais témoigne à merveille des idées farfelues de trois générations de Kim. Le vent soufflant très fort, nous resterons un moment en bas de la tour de pierre à consulter des magazines hebdomadaires locaux. Tout tourne évidemment autour de Kim Jong Un et des fabuleuses choses qu’il a accomplit (station de ski, aqua park, home pour personnes âgées, etc). La tour est également décorée par des plaques de différentes associations militantes à travers le monde pour le Kimilsunisme, y compris en Suisse. Nous ferons une ballade au bord de la rivière avant de retrouver nos acolytes chinois pour un hotpot au restaurant. L’ambiance sera assurée par quatre jeunes filles au karaoke. Nous attendons les chinois qui achètent toute sorte de souvenir en masse puis rejoignons l’hôtel. J’avais demandé il y a deux jours en plaisantant si nous avions la possibilité d’aller nous faire une idée sur la vie nocturne à Pyongyang à notre guide. Étonnamment, il a accepté et nous attend avec un minibus avec chauffeur pour nous emmener dans un pub ce soir, à condition que les chinois restent à l’hôtel. Nous irons dans une brasserie fréquentée ce soir par quelques étudiantes chinoises, deux expats et des nord coréens. Tout en buvant des bières, nous parlons de tout y compris de politique. Je lui dit que le parti communiste fait à peine 1% en Suisse il me répond en rigolant qu’ici il fait 100%. Le guide me raconte comment il a rencontré sa femme et comment il a trouvé ce travail. Une jeune guide nous a également accompagné et je lui demande ce qu’elle fait avec un smartphone. Elle me montre sur son écran qu’il y a bien Internet mais qu’il s’agit plutôt d’un intranet national, des applications similaires aux nôtres existent ici mais elles sont uniquement fonctionnelles en Corée du Nord. Inutile toutefois d’essayer d’accéder à un site étranger, seul une petite partie de l’élite possède un véritable accès à Internet. Nous rentrerons tard dans la nuit après avoir enchaîné les bières et les discussions.