Après un petit-déjeuner très rapide et une aspirine, nous partons à 7h30 pour la ville portuaire de Nampo et son fameux West Sea barrage. L’ambiance des rues de Pyongyang est un peu surréaliste, les gens attendent en longues files le tram ou le trolleybus bondé, des jeunes filles font des danses synchronisées devant d’étranges bâtiments décorés d’énormes portraits des Kim, il n’y a aucune publicité ou enseigne commerciale mais de nombreux posters et fresques de propagande montrant le courage des soldats nord-coréens ou des messages à la gloire du socialisme, de Kim Il Sung ou des ouvriers. Nous passons également par de luxueux complexes sportifs et par des grattes-ciel flambant neufs avant de prendre l’autoroute qui mène à Nampo. Bien que nous croiserons une vingtaine de véhicules à peine, le régime a jugé utile de construire une autoroute de 6 à 8 pistes selon les endroits dont seuls les pistes cyclables sur le côté sont utilisées (surement dans un esprit de développement durable). Nous arrivons finalement au barrage et à la mer, que je n’avais pas vu depuis Batumi en Géorgie, avec ses bateaux de pêche rouillés, ses quelques liners et ses mouettes. Le barrage permet d’éviter l’infiltration d’eau salée dans les sols cultivés d’une bonne partie de la région et est un projet louable. Nous visionnons une vidéo typiquement communiste ou la sueur et le courage des ouvriers est mis en avant, de même que la volonté du visionnaire Kim Il Sung. Pour le retour, l’entretien des routes étant loin d’être une priorité, nous prendrons l’autoroute à contresens car les pistes de droite sont impraticables. Nous ferons un arrêt à la maison de naissance de Kim Il Sung, en périphérie de Pyongyang, d’où le brave jeune garçon aurait parcouru plus de 1000 km à pied dans la neige pour retrouver ses grand-parents. Il serait en réalité né en Russie mais inutile d’essayer de remettre en question les explications du guide. La maison est située dans un grand parc très bien entretenu et très fréquenté par les courses d’école. Les enfants, probablement issus de familles paysannes, nous sourient timidement ou nous regardent avec curiosité, parfois en chuchotant et en rigolant avec leurs camarades. Nous quittons le parc pour le centre ville où nous entrons dans une station de métro. Les stations sont très profondes (plus de 100 mètres) et les deux que nous visiterons sont plutôt grandioses. Des fresques d'ouvriers ou de paysans heureux dans des champs de fleurs ainsi que les Kim remplacent ici les publicités. Le dernier Kim (Kim Jong Un) n’est néanmoins jamais présent sur les fresques, les affiches et même les pin’s car il est bien trop humble comme l’explique notre guide. A la sortie du métro, nous nous retrouvons dans des rues parcourues par de nombreux piétons et par un beau soleil d’automne donnent presque l’impression d’une ville agréable à vivre avec un petit côté vintage. Nous prenons le bus pour aller manger un barbecue coréen d’agneau et de canard avant de se relaxer au soleil avec une glace. Nous quittons ensuite la capitale pour sa périphérie où la visite d’une ferme collective est prévue dans le programme. Il s’agit en réalité d’un quartier de petite villa entouré de champs avec un jardin d’enfant, un café et même un home pour retraité. C’est évidemment à des années-lumières des fermes que nous avons vu depuis le train et il est difficile d’en savoir plus sur cet étrange quartier si ce n’est qu’il figure dans tous les magazines et journaux de propagande. Après la visite du jardin d’enfants, les petits s’allignent tout naturellement devant l’entrée pour chanter et danser en synchronisé. Bien que très mignon, lorsque je demande au guide de traduire ce qu’ils chantent, j’apprend que les chansons sont en fait très va-t-en-guerre. Nous retournons ensuite au centre ville pour y visiter l’arche de triomphe et le monument à l’amitié sino-coréenne. Nous nous rendons ensuite dans une école luxueuse pour les enfants très doués. Nous verrons les élèves en classe en leçon de musique ou d’art avant de rejoindre la salle de spectacle pour plusieurs petits concerts, à la gloire des Kim, de la nation ou du socialisme. Nous ferons un dernier arrêt dans un restaurant pour y manger un bibimbap avant de retourner à l’hôtel. Je me lancerai dans une discussion avec le guide, sur le fonctionnement de l’immobilier, sur l’industrie locale, sur le système de santé ou encore sur la possibilité pour les nord-coréens de voyager. Selon ses dires, les appartements sont fournis par l’état gratuitement, les hôpitaux sont gratuits, il y a juste un peu d’industrie lourde qui est exportée vers l’Afrique essentiellement et les salaires sont beaucoup trop bas pour pouvoir voyager. Tout est géré par l’état, il n’y a pas d’entreprises privées. Le dernier Kim souhaite néanmoins ouvrir la porte aux joint-ventures mais les sanctions internationales limitent passablement les opportunités. En compagnie des norvégiens, nous terminerons notre soirée au bar tournant situé au 47e étage de notre hôtel avant d’aller nous coucher.