Je pars tôt le matin pour rejoindre le groupe à la gare de Shenyang, devant l’immense statue de Mao tendant le bras. Nous recevons nos billets de train, quelques formulaires à compléter ainsi que des petits cadeaux de la part de l’agence. Nous traversons la douane côté chinois assez rapidement car nous pouvons passer devant les nord-coréens. Ces derniers se précipitent au duty free pour y acheter des quantités astronomiques de cigarettes. Les nord-coréens sont très faciles à reconnaître car ils portent tous un pin's à l'effigie des Kim (Le grand-père et le père). La plupart sont des travailleurs saisonniers ou des gens partis en Chine pour y faire des achats. Je fais connaissance avec deux norvégiens père et fils ainsi qu’un chinois de Guangzhou. Nous partageons notre compartiment avec une coréenne peu communicative qui dormira la plupart du trajet. Le train quitte la gare de Dandong et traverse le pont qui marque la frontière entre la Chine et la Corée. De l’autre côté du pont, c’est un autre monde, une gare avec les portraits de Kim Il Sung et Kim Jong Il et des dizaines de douaniers. La douane côté coréen prendra plus de deux heures. Une quinzaine de douaniers montent dans notre wagon, prennent nos passeports puis fouillent nos bagages. Ils sont néanmoins sympathiques et ne contrôleront même pas le contenu de mes appareils électroniques. Un douanier nous fouille ensuite au corps puis deux jeunes femmes nous apporterons notre plateau repas. Le train est un excellent moyen de découvrir la campagne nord-coréenne, nous traversons la moitié du pays où les conditions de vie des paysans sont très précaires. Le travail au champ se fait exclusivement à la main, les gens se déplacent à vélo, on ne voit presque pas de voitures, seulement quelques bus publics et quelques tracteurs. Les paysans dégagent tout sauf de la joie de vivre, la vie semble terriblement triste et morose. Nous traversons quelques petites villes où le train s’arrête dans des gares, toutes similaires avec un portrait des Kim. Comme dans tout pays soviétique, il y a beaucoup d’employés inutiles: gardiens de passage à niveau, gardien de tunnel, etc. qui sont plantés comme des piquets au bord de la voie ferrée. Dans le train, je ferai connaissance avec un coréen saisonnier en Russie qui m’a pris pour un russe. Il travaille comme bûcheron dans la région d’Irkustk et comme il est plutôt sympathique nous discutons une bonne demi heure en russe et en anglais. Nous arriverons à Pyongyang dans la soirée. Nous sommes accueillis par nos deux guides (parlant anglais et chinois) qui nous lâcherons pas d’une semelle durant notre séjour ici. D’autres touristes venus par avion se joindront également à nous, notamment un américain d'origine chinoise avec qui je partagerai ma chambre. Pyongyang est relativement moderne en comparaison des autres villes du pays, même si elle donne parfois l’impression d’être restée figée dans les années 50 avec ses habitants se déplaçant à pied ou à vélo ou s’entassant dans de vieux trams ou trolleybus. Nous rejoignons notre hôtel, une tour de 47 étages sur une île, probablement afin d’éviter que les visiteurs étrangers ne s’en éloignent. Nous prendrons le repas du soir, puis ferons le tour de l’hôtel. Après quelques bières et sojus au karaoke, nous irons faire une partie de bowling puis finirons par une dernière bière à la brasserie artisanale avec les norvégiens.