Mon objectif de la journée est de rejoindre Ashgabat, la capitale du Turkmenistan. Le gérant de l’hôtel, qui est en fait cantonnier, vient me chercher à 7h et l’un de ses amis m’amène au poste frontière. Je suis le seul étranger, les quelques autres personnes présentes sont des Turkmènes. Nous attendons une bonne heure que les iraniens se mettent au travail (c’est le premier jour du ramadan). Les douaniers me demandent si j’ai aimé l’Iran, tamponnent mon passeport et me souhaitent un bon voyage. Nous entrons alors du côté turkmène, où je dois présenter mon passport pas moins de sept fois. Les douaniers sont néanmoins sympathiques et je me retrouve rapidement dans le no man’s land qui sépare les deux pays. Nous prenons alors un bus qui mettra près de 2h à se décider à partir (après des aller-retour dans le poste frontière pour éviter aux officiers de marcher 50 mètres). Ce no man’s d’une vingtaine de km est montagneux et très sauvage étant donné qu’il n’y a aucune présence humaine si ce n’est quelques soldats. Nous avons d’ailleurs croisé quelques bouquetins. Deux derniers contrôles s’effectuent en bas puis je prend un taxi pour Ashgabat à quelques minutes de là seulement. A peine arrivé en plaine que la route de montagne devient une avenue à trois pistes totalement inutile, bordée par de rutilants lampadaires blancs et dorés et sans aucune circulation. L’entrée de la ville est un mélange de Pyong-Yong, Dubai et Disneyland: d’immenses avenues désertes bordées d’immeubles de marbres blancs parfois surmontés d'une coupole plaquée or ou autre accessoire bling bling. Je demande au taxi de me déposer au basar russe et heureusement, cette partie de la ville ressemble plus à une version Singapour de la Russie. Je file au pub boire une bière fraîche sous la climatisation (il fait 40 degrés dehors) puis m’installe dans un hôtel soviétique pratiquement vide. Une fois débarrassé de mon sac, je tente de visiter les alentours des différents palais du dictateur et de ses amis ainsi que les énormes parcs à la française totalement déserts. Hélas je me fais siffler sans cesse par des policiers ou remettre à l’ordre par des agents en civil ou des militaires (surtout quand je tente de prendre une photo ou simplement de m’approcher des immeubles les plus clinquants). Je mets donc rapidement fin à ma visite tant c’est désagréable et reviens dans la partie habitée de la ville pour boire quelques bières et faire des achats pour la journée de demain.
Je constate que les turkmènes sont grandes, fines et très jolies (un mélange d’asiatique et de russe) et leurs robes traditionnelles de couleur épousent leurs formes à merveille (tout l’inverse du chador iranien). Un léger détail vient néanmoins gacher le tableau: leurs dents en or. Je parle bien de toutes les dents de devant mais je ne saurais dire si c’est une alternative au brossage de dents ou un effet chic…