Nous partons à l’aube pour la ville de Shigatse. Afin de “contrôler la vitesse du véhicule” comme le justifie le gouvernement, il y a cinq caméras de surveillance à l’intérieur du petit bus, un tracker GPS et même un policier chinois qui voyagera avec nous ces quatre prochains jours! La présence du policier est néanmoins assez pratique car nous pouvons passer les checkpoints (tous les 30 km) assez rapidement, parfois sans même présenter nos passeports et permis. Nous sortons de Lhasa par l’autoroute complétement déserte qui mène à l’aéroport avant de bifurquer sur la friendship highway qui mène au Népal. Les autorités affirment que la route pour la frontière est fermée en raison du tremblement de terre mais les chinois peuvent quand même se rendre au Népal. Il doit donc y avoir une explication plus rationnelle pour interdire l’accès aux étrangers mais personne n’a vraiment de réponse. Nous ferons un premier arrêt au bord d’une rivière sacrée qui coule jusqu’en Inde où l’on croise le premier groupe de chinois en train de prendre des photos de groupe dans une espèce de décharge. Une route en lacet nous mène ensuite à un premier col, à 4998 mètres avec une vue magnifique sur le lac Yamdo et la chaîne de l’Himalaya en arrière-plan. Nous ferons un autre arrêt au bord du lac avant de nous arrêter pour manger dans le village de Nagarze. Comme beaucoup de villages, ils ont été reconstruits autour de larges avenues affublées de drapeaux chinois tous les trois mètres. Je mange de la langue de yak puis nous continuons pour le col de Karo, à plus de 5000 mètres, avec une magnifique vue sur le glacier du même nom, puis pour un lac de barrage qui alimente une bonne partie de la région (non sans engloutir quelques villages). Le dernier arrêt sera le monastère de Gyantse ainsi que sa muraille et sa forteresse pour le protéger des anglais. Comme les locaux ont affirmé qu’il s’agissait d’un dépôt, il a totalement été épargné lors de la révolution culturelle. L’intérieur contient ainsi de superbes statues de buddhas en argile vieilles de 500 ans et d’anciennes fresques, bien que très noircies par les bougies au beurre de yak, recouvrent toujours les murs. Nous arrivons dans la soirée dans notre luxueux hôtel 4 étoiles de Shigatse et partons en petit groupe pour manger en ville. Un américain qui parle chinois nous trouve un restaurant ouighour et commande quelques plats à partager. La patronne, qui nous montre son voile au moment de demander des bières, nous servira à la place un délicieux thé vert aux dattes typique du Xinjiang alors que nous savourons des plats à l’agneau, des pâtes, des aubergines, etc.