En achetant mon billet de train la veille je me suis trompé de destination et il est possible de le changer qu’à la gare, à une heure de là. Je me lève donc très tôt pour être à la gare deux heures avant le départ du train, soit le dernier délai pour se faire rembourser. Je profite d’être là pour acheter deux autres billets (en chinois, ça prendra une demie heure) puis m’installe dans la salle d’attente pour écrire et manger des nouilles instantanées. Je pars vers midi pour Zhaoxing, un très beau village de la minorité Dong. Le gouvernement a cependant décidé d’en faire un highlight touristique si bien qu’il ne reste plus grand chose de la culture locale (c’est en général le but recherché par le parti: effacer les différences culturelles, limiter leur culture à des objets kitshs pour les touristes et transformer les endroits les plus charmants en Disneyland) et la nouvelle gare TGV toute proche ne va pas améliorer les choses. C’est d’ailleurs impressionnant comme certaines régions se transforment au fur et à mesure que de nouvelles lignes sont inaugurées. Malgré cela, il faut reconnaître que c’est un bon moyen de freiner l’exode rural en apportant de nouvelles ressources aux régions qui ne profitaient que très peu de la croissance économique chinoise. Le village est très charmant avec des maisons en bois et des passerelles piétonnes le long de petites rivières et à cette saison, il n’y a pratiquement pas de touristes. D’ailleurs l’auberge que j’avais réservée est fermée. Dans le village, des tours coniques se trouvent un peu partout et semble être des lieux de rassemblement pour les Dongs. Difficile d’en savoir plus car je ne rencontrerai personne parlant anglais et je trouve peu d’informations sur Internet. Je sais seulement que les Dongs ont notamment leur propre langue, considérée comme l’une des plus compliquée au monde avec 12 tons (le mandarins est pratiquement impossible à prononcer et il n’y en a que 4) et leur propre religion qui est un mélange d’animisme et de bouddhisme. Comme ils vivent dans des montagnes très reculées, leur culture n’a pratiquement pas changé et la révolution culturelle chinoise ne les a guère impactés. Lorsque je retourne à mon hôtel, il est toujours fermé. Je demande à un voisin qui me le confirme et appelle le numéro sur la porte. Mon interlocutrice me répond au travers d’un traducteur électronique et finira par m’envoyer un ami pour m’héberger dans une autre auberge. C’est juste à côté et j’aurai une chambre double négociée au prix du lit en dortoir. Le soir, je sors manger sur une terrasse en face de laquelle une équipe tourne une scène de film. Les habitants s’amassent autour malgré toute la volonté des assistants pour les éloigner.