Je me réveille seul au milieu du désert à l’aube et contemple les environs du cratère de feu (ou porte de l’enfer) de jour, car je suis parti tard la veille et j’ai campé à la hâte sans trop comprendre où je me trouvais. Je passe un moment autour du cratère puis entame la marche vers la maison de thé. Bien que je me lasse pas du cratère de feu, je ne dois pas tarder car la température grimpe extrêmement vite aussitôt le soleil levé. Arrivé à la maison de thé, je retrouve la hollandaise à moto et les adorables gamins de la maison de thé qui viennent me donner un cinq. Le plus sympathique employé de la maison de thé m'aide alors à arrêter une voiture, négocie le prix pour moi et me voilà en route pour le Nord du pays. Sur la route, je tente de répondre à mon voisin qui parle russe mais sans articuler. Je ne comprend pas grand chose alors il me demande si je parle Letton! Au lieu de lui répondre, “Evidemment!”, je lui demande pourquoi letton et il me dit être allé à l’armée là-bas, du temps de l’URSS. Il faudra presque 4h pour rejoindre Koneurgench tant la route est en mauvaise condition. J’arrive alors dans ce lieu classé au patrimoine mondial et visite les différentes mosquées, mausolées et minarets avec mon grand sac au dos. Heureusement, la température a baissé par rapport à la veille, 40 degrés seulement mais toujours aussi humide. Après 5km de marche à travers le site avec mon sac au dos, je trouve enfin un restaurant et commande de la bière et à manger (je ne comprend rien aux menus et à chaque fois je leur dis de choisir pour moi).
Je rejoins finalement la mosquée où le seul homme présent m’accompagne pour le restant de la visite. Il parle un peu allemand car il y a passé plusieurs années en tant que soldat en DDR. A chaque fois je me demande si le but était d’envoyer les soldats à l’opposé de leur lieu d'origine et si les allemands ou les Lettons étaient, quant à eux, en poste au Kazakhstan ou au fin fond de la Sibérie. Peu de turmènes ont l’air de pratiquer leur religion, ou alors à leur sauce: en plein mois de ramadan, ils boivent, mangent, fument et même s’ils s’arrêtent pour prier au côté de l’imam, ils fument une clope ou grignotent des graines de tournesol deux minutes plus tard. Après la visite, je prend un mashrutka pour Dashoguz et paie pour deux places afin qu’il arrête d’attendre. Le long des 100 km qui séparent les deux villes, nous auront droit à plus de 10 checkpoints (je n’exagère vraiment pas). A chaque fois, il faut s’arrêter et espérer que personne ne siffle (lorsqu’il y a un coup de sifflet, cela signifie qu’il faut mettre 10 manats (2$) dans le permis de conduire ou le passeport avant de le donner au policier). Heureusement, en tant que passager, on me fout la paix et je sers même de prétexte au chauffeur qui hurle au policier qu’il y a un suisse à bord et qu’il faut montrer l’exemple. Les routes sont dans un état lamentable et les villages ressemblent à ceux d’Iran. Néanmoins, ils ont chacun droit à une sorte d’arc de triomphe ridicule en marbre blanc à l’entrée et à une gigantesque statue doré du bienveillant président. Dans quelques villages, surgissent parfois d’immenses complexes en marbre blanc complétement déserts et probablement inutiles. Malgré les apparences de Corée du Nord, je trouve les Turkmènes très sympathiques. Il s’agit d’un des pays les moins visité au monde et lorsqu’ils croisent un touriste, ils sont plutôt surpris et curieux. Une fois la glace brisée, il est possible de rire de la police, de l’état policier, etc. mais je n’ai néanmoins pas osé abordé le sujet du dictateur. La situation de la plupart des Turkmènes est celle d’un pays du tiers-monde et le dictateur assure sa place, malgré ses projets grotesques, par la répression notamment.
J’ai donc un mashrutka à moi seul qui me déposera devant l’hôtel en face de la mairie de Dashoguz. Par mairie, il faut entendre un gigantesque palais de marbre orné d’écrans géants affichants le portrait du président (élu démocratiquement à 97%). J’atteris donc dans un hôtel soviétique de 500 chambres (dont 4 sont occupées comme partout au Turkmenistan) et file au restaurant commander des plats de viande au hasard et boire des bières.