Nous visitons ce matin le monastère de Tashilhunpo à Shigatse. Ici, les moines sont employés du gouvernement chinois et la rénovation du temple a été financé par le gouvernement (suite à la révolution culturelle). Les pèlerins, bien que très pauvres, continuent à déposer des billets partout dans le temple alors qu’on y voit les moines les compter et faire des liasses. Le guide nous explique qu’un camion par soir amène les billets à la banque et que le monastère possède de nombreux investissements notamment des hôtels, des usines ou des restaurants. Ce temple est sensé être la résidence du Panchen Lama, l’homme le plus important en dessous du Dalai Lama, qui vit à Pékin. Alors qu’on pose des questions sur les portraits affichés, le guide est vite embarrassé et nous invite à nous renseigner par nous même car le sujet est sensible et il est surveillé en permanence (il y a des micros et des caméras partout dans les temples, la vieilles ville et dans le bus). En fait le Panchen Lama avait été choisi par le Dalai Lama mais il a été kidnappé par le gouvernement chinois deux jours après sa nomination, à l’âge de 6 ans. Il a depuis été remplacé par le fils de deux cadres du parti, venant de la capitale au moyen d’une loterie truquée. De nombreux tibétains ne reconnaissent donc pas sa nomination, en particulier les tibétains en exil. Nous prenons ensuite la route pour Lhasa, où nous passerons des dizaines et des dizaines de checkpoints. La plupart sont automatiques, il s’agit d’un portail électronique qui scanne le véhicule. Ils ont néanmoins l’air plus intrusifs qu’en Chine car il faut les franchir au pas. Dans tout le pays les véhicules sont traqués et à chaque fois que j’en ai parlé à un chinois, on me disait que c’était pour vérifier le port de la ceinture (l’esprit critique est pratiquement inexistant dans ce pays). Arrivé à Lhasa, nous irons manger dans le même restaurant tibétain que la dernière fois avec Dan (l’américain qui vit en Chine), Paul (un voyageur anglais) et Kotai (mon colocataire japonais). Avec Kotai, nous irons ensuite dans un bar où je ferai la connaissance avec militaire chinois parlant anglais. Nous finirons à pas d’heure en enchaînant les bières locales.