Je me réveille de bonne heure pour prendre un mashrutka jusqu’au monastère de Gandzsar. Le minibus me dépose au village en contrebas et je rejoins le monastère à pied le long de la route. J’entame alors une marche à travers la forêt pour rejoindre le sentier du Janapar qui traverse tout l’état du Karabakh. Malgé les avertissement sur la présence de mines en dehors des sentiers ballisés, je dois traverser la forêt à la hâte pour rejoindre le sentier. J’entame alors ma marche sur un chemin boueux parfois très difficile tant j’enfonce ou glisse dans la boue. J’arrive enfin au sommet pour contempler la vue sur les montagnes marquant la frontière avec l’Azerbaijan. Des cartouches et des restes de la guerre violente des années '90 sont toujours sur place. Je continue mon chemin jusqu’au village de Vaguhas où je suis accueilli par des éleveurs de moutons qui me montrent le chemin d'un air méfiant. Le village possède un petit magasin où j’achète une des rares bouteilles d’eau encore en stock (l’assortiment est aussi maigre qu’une échope soviétique en période de disète). Arrivé en bas du village, un jeune homme me salue et me demande mes papiers. Je lui dit que je ne lui montrerai rien du tout car il n’est ni militaire ni policier. Il appelle alors les services de renseignement qui me posent tout un tas de questions en anglais avant de me laisser partir. Quelques mètres plus loin, un 4x4 s’arrête et demande à voir mes photos et mes documents, il présente sa carte de la police et me fait monter à bord. Il m’amène alors à un petit poste de police (une cabane avec un poêle à bois à l’intérieur et une enseigne “police”) à Getavan. Je pense en avoir pour quelques minutes mais non. 3 heures durant, 4 policiers et quelques militaires s’affairent à vérifier chacune de mes photos ainsi que mes messages et appels sur mon téléphone. Je suis alors interrogé en russe et comme je peine à répondre à leurs questions, il font venir un haut gradé parlant anglais depuis la capitale qui n’arrivera pas avant la nuit. Je dois à nouveau montrer toutes mes photos et répondre à ses questions. Décidément, il faut croire que j’ai une tête d’espion en mission pour l’Azerbaijan. Durant les 5 heures d’attente, je n’ai rien trouvé de mieux que de boire de la vodka dans le poste de police pour tuer le temps. Il note ensuite tous les noms des contacts avec qui j’ai communiqué ces derniers jours et demandent des informations à leur sujet. Je lui dit que j’en ai sérieusement assez de leurs questions et de leur parano et que j'aimerais bien aller me coucher car j’ai de la marche à faire demain et j’ai déjà 25km dans les jambes. Il est plutôt agressif et commence sérieusement à me gonfler. Au bout d’un moment, il me rend enfin mon passeport et je lui demande où je peux dormir. Il me montre un endroit à coté du poste de police mais lorsqu’il était occupé à blaguer avec ses collègues, j’en profite pour me tailler en douce dans la direction que je devais prendre le lendemain. 5 minutes après, 8 soldats munis de Kalachnikov m’encerclent et commencent à me questionner. Je les envoie balader et leur dis de contacter la police avec qui j’ai déjà suffisamment eu à faire. Je suis alors ramené au poste où j’ai droit à une fouille complète de mon sac. On me demande "what is this” toutes les 2 secondes (même pour un t-shirt) et je me moque un peu de leur manque de perspicacité. Un jeune policier est tout excité lorsqu’il met la main sur ma clé USB. Il demande à voir le contenu. Nouveau moment jouissif pour le policier qui tombe sur un dossier “X-files” avant de comprendre qu’il s’agit d’une série télé... Il me laisse ensuite reprendre mes affaires mais je suis obligé d’aller camper à quelques mètres du poste de police, ce que je fais cette fois ci.